Au cours des 40 dernières années, la France a perdu près de 2 000 000 d’emplois industriels, laissant des régions entières dévastées sur le plan économique et social. Les objets manufacturés qui nous entourent, et particulièrement les vêtements, ont fait plusieurs fois le tour du monde avant d’intégrer nos placards.
Thomas Huriez, fort de ce constat pourtant sans appel, refuse la fatalité et se lance en 2013 dans une aventure particulièrement ambitieuse : relocaliser en France la production de jeans. L’entreprise ouvre ses portes à Romans-sur-Isère.
Dans ce livre paru en novembre 2019, ce chef d’entreprise raconte ses difficultés : tisser du denim en France alors que le savoir-faire n’existe plus, trouver des ateliers de confection qui ont tous fermés.
Le nom de la marque, 1083, vient de la distance comprise entre Menton et Porspoder, les deux villes les plus éloignées de France, indiquant ainsi au consommateur que toutes les étapes de fabrication du jean auront été réalisées à une distance inférieure à 1083 kilomètres.
Recours au financement participatif, à la transparence de la communication et à l’animation d’une communauté sur les réseaux sociaux, les pré-commandes affluent, l’entreprise décolle.
Dans son livre, Thomas Huriez évoque la mission de son entreprise et l’engagement de ses collaborateurs. Il évoque également sa volonté de choisir des matières premières responsables, des circuits courts de distribution, de refuser la logique des soldes, et surtout sa volonté de reconstruire une filière de fabrication locale, en réinventant les savoir-faire disparus. L’entrepreneur relate aussi sa farouche volonté de développer l’économie circulaire, avec notamment son invention du « Jean Infini », un jean en quelque sorte consigné que le consommateur peut ramener en magasin afin qu’il puisse être recyclé à 100%, en n’utilisant pour la nouvelle fabrication aucun matière première nouvelle.
Thomas Huriez emploie aujourd’hui une soixantaine de salariés, et fait partie de cette nouvelle génération d’entrepreneurs qui prouve que de nouveaux schémas sont possibles pour les entreprises françaises. Une leçon de courage, de persévérance et de responsabilité sociétale à méditer.
Article rédigé par Pascale Baussant, le 8 mars 2020